Mets les voiles et pédale !

Bonjour Anaïs, peux-tu te présenter ?

Bonjour je m’appelle Anaïs J’ai 26 ans et je suis originaire de Gruffy. J’ai une formation d’éducatrice spécialisée et avant de partir en voyage j’ai pu travailler 3 ans en tant que tel auprès d’enfants en situation de handicap mental.

Comment es tu devenue volontaire auprès de réfugiés en Grèce ?

Il y a 2 ans j’ai trouvé un vélo, je l’ai un peu bricolé à l’aide de l’association Roule & Co à Cran Gevrier. Puis avec une amie nous avions entrepris un voyage à vélo depuis la France jusqu’à la Grèce de septembre à décembre 2016. Ce voyage m’a conduit à réaliser une action solidaire au Kosovo pour aider les familles des campagnes. Ainsi notre séjour dans ce pays, planifié pour une dizaine de jours, s’est transformé en une immersion de 6 semaines auprès de familles kosovardes et d’une association d’aide à l’élevage à travers du micro-crédit en animaux. Nous avons pendant ces 6 semaines mené une campagne vidéo pour sensibiliser les spectateurs à la difficile situation économique du Kosovo après la guerre de 1999 et à l’aide financière dont ils ont actuellement besoin pour relancer l’élevage, la production de lait et de fromage. Ainsi nous avons voulu favoriser le développement de l’économie locale dans ce pays qui est aujourd’hui en reconstruction. A travers cette campagne nous avons récolté 2500 euros ce qui a permis à deux familles de bénéficier d’un troupeau de 10 chèvres.

Après cette action nous avons poursuivi notre chemin à vélo, en direction de la Grèce, sans savoir réellement ce que nous allions y trouver. Rencontres après rencontres, nous avons découvert l’Hôtel City Plaza et avons fini par y vivre 4 mois en tant que bénévoles.

Parle nous du City Plaza ?

L’Hôtel City Plaza n’est pas vraiment un hôtel comme les autres, pour ma part j’aime à l’appeler l’hôtel aux milles histoires. Dans cet hôtel j’ai vécu avec des afghans, allemands, pakistanais, grecs, libanais, espagnols, irakiens, américains, syriens, italiens, iraniens, âgés entre 0 et 80 ans. Un hôtel sur 7 étages, récupéré par des organisations politique athéniennes depuis un an, qui n’est ni géré par une ONG, ni par le gouvernement et où 400 personnes s’organisent ensemble pour vivre et accéder à leurs droits. Ainsi j’ai fait à manger avec eux, j’ai organisé des activités et des classes pour les enfants, j’ai participé à des fêtes syriennes et un enterrement iranien, je suis allée au parc et à la plage avec de nombreuses familles, j’ai pris le thé dans des chambres d’afghans de syriens, j’ai fait des ciné-débats sur la situation des pays, j’ai manifesté dans Athènes en clamant « ouvrez les frontières »… Nous avons vécu tous ensemble et pendant 4 mois ils ont été ma famille.

Qu’a tu appris de cette expérience ?

J’ai appris à travers cette expérience ce que veut dire la solidarité entre les peuples et  la notion « sans frontières ». Ceci ne signifie pas pour moi perdre sa culture, son langage, son identité, mais plutôt soutenir et accueillir un peuple qui est dans un besoin de protection et partager sa culture. J’ai ressenti ce qu’était l’amour universel par les sourires, les gestes, la gratitude que les personnes m’exprimaient alors que je leur offrais seulement un peu de ma présence et de mon soutien.

Après la Grèce, j’ai repris la route à vélo avec mon amie en direction de l’Iran… En tant que française je traverse aisément les frontières pour visiter les pays des personnes que j’ai rencontré à City Plaza. Je me fais accueillir comme une princesse, on m’ouvre la porte des maisons, on me  donne des fruits, du pain.

Je pense dans ces moments à mes amis afghans, syriens, irakiens, qui font le chemin à contre-sens, fuyant les guerres et leurs dangers. Pour la plupart ce n’est pas un choix de « voyager », ils auraient préféré rester avec leurs familles, maisons et jardins. Une culpabilité s’immisce en moi. Pourquoi ai-je le droit de voyager et de m’établir où je le souhaite et pas eux ?

Je tente de dépasser cette culpabilité avec des fragments de réponses: à travers ce voyage et toutes ces rencontres je reçois de l’amour et expérimente l’accueil et la paix. J’espère ainsi le jour où je reviendrai pouvoir partager cette paix et cet amour dans mon village, ma maison, et rendre le pain et les fruits que l’on m’a donné durant ce voyage à travers l’accueil de ces populations en migration qui cherchent un pays sûr, une vie meilleure, et parfois même une famille.

Au Kosovo mon amie et moi avons voulu participer au développement de l’économie locale pour reconstruire un pays ;  aujourd’hui  après cette expérience à l’Hôtel City Plaza, c’est seulement un message de paix et d’accueil que nous cherchons à transmettre. Nous ne sommes pas assez puissantes pour ouvrir les frontières, mais il est clair que nous pouvons ouvrir nos cœurs, villages et maisons pour un peu de solidarité envers ces populations d’ailleurs!

Quels sont tes projets à présent ?

Je suis rentrée en France depuis 2 mois, et j’ai déjà eu la chance de diriger un camp d’été d’adolescents autour de la paix et du voyage. Ainsi je souhaite transmettre mon expérience et continuer à œuvrer pour la solidarité et la paix entre les peuples. Je présente vendredi 7 septembre une exposition à 18h à la maison parent de Gruffy pour partager mon expérience. Ensuite je retournerai en Grèce à la rentrée pour continuer cette expérience multiculturelle qui m’a nourri jusqu’à aujourd’hui. Je souhaite un jour pouvoir faire profiter à nos belles campagnes françaises, de cette expérience et de cette ouverture.

Suivez Anaïs sur son blog :

City Plaza : un hôtel aux milles Histoires

 

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