Le gout du lien

Amandine Fontaine, vingt-sept ans, habitante de Copponex depuis vingt ans, travaille pour l’association Wecf France. Un engagement où les femmes ont leur place, pour construire un un avenir plus juste et plus équitable.

Amandine, fais-nous découvrir cette association Wecf France ?

C’est une organisation non gouvernementale, membre du réseau international « Women Engage for a Common Future ». Créée en 2008, Wecf France est basée à Annemasse.

Son but est de « Construire avec les femmes un monde sain, durable et équitable ».  La santé environnementale est l’un des piliers de son action. L’association met en œuvre des projets à l’échelle locale et mène des actions visant à défendre les intérêts de la population dans les domaines de la santé environnementale, la lutte contre le changement climatique, la qualité de l’alimentation, l’accès à l’eau et à l’assainissement. L’idée est aussi de rétablir plus d’égalité homme femme et de protéger les populations les plus vulnérables en particulier les femmes enceintes et les enfants.

Quel est ton rôle au sein de l’association ?

Mon titre officiel est chargée de projet développement local. Concrètement, j’anime le Réseau femmes rurales, développé depuis 2011 en Région Rhône-Alpes. Il permet de donner de la visibilité et de soutenir les créatrices d’activités en milieu rural. Depuis 2020, grâce au financements de la fondation RAJA-Danièle Marcovici, nous avons choisi de renforcer le soutien aux projets liés à l’alimentation et l’agriculture en Haute-Savoie. Nous voulons valoriser les initiatives à visée de développement durable etsoutenir les femmes dans leurs projets en les mettant en lien avec les différentes structures d’aide du territoire. Nous aimerions aussi favoriser l’échange de savoir et de savoir-faire entre les porteuses de projets. A côté de cela, je suis aussi chargée de la mise en place et du suivi de jardins partagés à Annemasse et je m’occuperai prochainement des projets liés à l’Economie Sociale et Solidaire.

Tu as aussi co-créé une association locale « Le gout du lien ». Dis-nous-en un peu plus sur ce projet ?

Ce projet est né en 2017 avec ma rencontre avec  Frédéric Bolo, lorsque je travaillais au magasin de producteurs Terre Ferme. Plusieurs fois nous avons discuté du manque d’informations concernant les points de ventes directes sur le territoire de la communauté de communes des Pays de Cruseilles.  Nous avons constater qu’ilexiste une réelle envie de la part des citoyens d’un retour à l’authentique et que de nombreux projets innovants et locaux voient le jour. Cependant, les consommateurs et citoyens peinent à trouver les informations nécessaires car la majorité des projets fonctionnent de bouche à oreille. Nous avons donc eu l’idée de créer un annuaire qui recenserais tous les points de vente directs de produits alimentaires locaux (fermes, magasins de producteurs, restaurants, bars). Nous avons créé un site internet, mais nous gardons l’envie de réaliser un format papier un jour. Notre initiative a pour vocation de solidifier le lien entre producteurs et consom’acteurs pour renforcer le tissu socio-économique local. Le site permet de bâtir un espace commun ,visible etparticipatif autour d’un retour à un mode d’alimentation plus respectueux de notre environnement et de notre santé.

Notre démarche servira à favoriser les circuits courts, mais elle permettra aussi d’alimenter le débat et la réflexion  sur les enjeux et les solutions  liés à l’alimentation locale . C’est dans cette optique que nous avons organisé des Apéro’locaux au bar le 42. Nous avons également créé un jeu de l’oie pour éveiller les enfants au bien manger. Un jeu que nous sortons lorsque nous tenons un stand dans une manifestation. La crise sanitaire nous a freinés dans notre élan, mais les contacts ont bien eu lieu et nous espérons pouvoir travailler en lien avec la mairie sur les problématiques liées à l’alimentation sur la commune. Aujourd’hui nous nous concentrons surtout sur notre site internet. Nous avons déjà recensé quelques points de ventes, mais nous espérons compléter la carte assez rapidement. Nous sommes toujours à la recherche de personnes motivées à nous rejoindre.

Qu’est-ce qui t’as motivé à t’engager pour notre région ?

J’aime cette région, j’y ai toujours vécu, j’y ai mes racines, mes amis, ma famille. Parfois je regrette de ne pas avoir plus bougé, mais je me dis qu’ici j’ai tout ce qui peut me rendre heureuse. Et puis j’ai un bon contact avec les gens, j’aime écouter leurs histoires, créer des liens. Pour ce qui est de la volonté de m’engager, c’est venu assez naturellement. Depuis toute petite, je suis fascinée par la nature. Encore aujourd’hui, je peux rester de longues minutes à observer une chenille ou un oiseau dans le jardin. C’est à l’adolescence que j’ai pris conscience de la folie du Monde et de l’impact que nous avons sur notre environnement en tant qu’être humain. Ma vie à la campagne et mes études en agronomie m’ont rendu plus sensible aux questions liées à l’agriculture. Je pense que c’est un secteur qui a été sous-estimé et dévalorisé durant beaucoup trop longtemps alors qu’il s’agit de la base de toute civilisation. C’est aussi un domaine clé pour la période de transition qui nous attend. Bref, j’ai une base de convictions qui, au fil des rencontres et des discussions, m’a amenée dans le monde associatif. Un monde passionnant et souvent bienveillant où naissent des alternatives à un système vieillissant. Un monde qui m’a galvanisée.

Le gout du lienComment vois-tu l’avenir du monde en général ?

Les choses bougent, il y a une réelle prise de conscience et des alternatives existent pour un monde plus sobre et durable, mais honnêtement, je ne suis pas optimiste. Je pense que nous connaitrons des changements radicaux et brutaux dans les prochaines décennies, que ce soit climatiques ou sociétaux. Les conditions de vie vont devenir difficiles, en particulier dans les pays où la situation est déjà compliquée, mais partout ailleurs aussi, c’est inévitable. Attention, je ne suis pas dans un délire de fin du monde, mais il faut préparer notre société à affronter ces changements pour ne pas les subir de plein fouet. Je me raccroche à l’espoir que nous réussirons à construire une société basée sur une logique plus durable où le lien aux autres et le lien à la nature sera plus présent. Un système qui miserait sur l’économie circulaire, sociale et solidaire, les circuits courts locaux, la sobriété énergétique. Au fond, c’est cette envie de préparer un avenir plus souhaitable qui anime mon engagement.

Propos recueillis par Elsa Thomasson

Pour plus d’information :

http://legoutdulien.fr/

https://wecf-france.org/

 

Les mouvements éco féministes

Au fils des siècles, l’homme a perdu sa connexion à la nature, l’exploitant sans mesure. Il a aussi classé les femmes comme sexe faible, les reléguant à des fonctions maternelles, du travail pas ou peu rémunéré et peu valorisé.  La société s’est fondée sur l’infériorisation des femmes et la rupture avec le milieu naturel.  Un mot résume cette pensée : le Patriacapitaliste.

Dans le monde, 70% des personnes vivant sous le seuil de pauvreté sont des femmes. Les femmes ne possèdent que 13% des terres agricoles alors qu’elles assurent plus de la moitié du travail agricole. Elles ne perçoivent que 10% des revenus mondiaux, peu parmi elles parviennent à des hauts niveaux de responsabilité… Elles reçoivent moins d’éducation, vivent avec plus de précarité, sont plus victimes de violence…

L’éco féminisme vise à proposer un nouveau rapport au monde, dans le respect de la nature et de tous les êtres vivants. C’est un mouvement inclusif et multidimensionnel, qui prône une réelle bienveillance. Le monde de demain doit se faire avec les femmes. Les rapports de domination doivent être rééquilibrés afin de garantir la paix et l’harmonie de notre société.

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